Si vous cherchez le potentiel, ne cherchez pas là où la société vous l’a indiqué.

Quentin Viard
4 min readSep 22, 2020

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Ce n’est pas qu’une histoire de chiffres, contrairement à ce qu’on veut nous faire croire en cours de mathématiques.

Laissez moi m’expliquer.

J’ai évolué les premières années de ma “carrière” professionnelle dans différentes grandes entreprises et je les ai quitté comme j’y suis entré.

Désappointé.

Une promesse est faite, le futur d’une belle aventure humaine s’esquisse, puis on se retrouve dans le coeur du moteur. Personne ne sait qui vous êtes,la majorité s’en fiche d’ailleurs. Ce qui compte ce n’est pas “comment tu vas” mais “combien tu vas”. Faire carrière relève donc plus du “combien tu vas” dans la durée.

Savez-vous ce qu’est une carrière? Une carrière est un endroit dans lequel on creuse longtemps et profondément pour extraire un certain type de minerai jusqu’à ce que l’on juge qu’il ne nous est plus utile. À ce moment là, on abandonne l’exploitation et le chantier de cette dernière est laissé là, les entrailles béantes, comme si elle n’avait jamais été utile.

Le même fonctionnement opère dans les grandes structures. Vous êtes embauché, utilisé pour votre minerai et le jour où celui-ci devient moins rare, moins utile ou trop difficile à exploiter, on vous abandonne dans un coin. Le cas extrême mais malheureusement peu rare est celui où vous avez tellement été exploité que vous n’avez plus rien à donner. Vous n’êtes plus qu’une coquille vide, sans énergie avec un semblant d’âme. Le résultat est le même. Vous craquez, on vous met sur la touche et on vous laisse là en attendant, dans le meilleur des cas (en France, licencier quelqu’un est administrativement compliqué, alors on pousse la personne vers la sortie, avec la délicatesse qui va bien, bien entendu).

Mais ne mettons pas tout sur le dos des entreprises. Aujourd’hui nombre de collaborateurs ont compris qu’ils peuvent opérer de la même manière. Ils rentrent dans l’entreprise pour prendre ce qu’il y a à prendre, sans retenue et en partent dès que l’herbe commence à se tarir. J’en ai moi-même profité.

Pourquoi se priver de jouer au même jeu sournois quand on sait parfaitement que tout le monde utilise tout le monde à ses propres fins personnelles?

Certains de vous diront que je suis très négatif et que je porte un regard pessimiste sur la vie. Bien entendu, ce seront ceux qui ne me connaissent pas.

Je suis un éternel optimiste au sourire toujours présent qui est persuadé d’une chose : le potentiel et la bonté humaine est illimité.

Les premières lignes de cet article ne sont ni plus ni moins qu’un regard réaliste et pragmatique sur les dizaines de cas de burn out, d’AVC, de dépression et de mise au placard pour forcer la démission auxquels j’ai assisté ces dernières années.

Ce constat, j’en suis le premier attristé car nous pouvons faire mieux. Nous pouvons créer un monde meilleur dans lequel nous prenons soin des autres et où nous arrêtons de nourrir notre individualisme au travers de la vie rêvée des autres sur les réseaux sociaux.

Notre société a occulté une chose depuis l’avènement de l’ère digitale : notre monde, nos villes, internet, nos entreprises sont constitués d’êtres humains qui sont des mines de potentiels insoupçonnés.

Ce potentiel, comme une carrière, ne demande qu’à être exploité avec la plus délicate attention.

Le monde dans lequel nous évoluons va vite. Très (trop?) vite. Les dictats sociaux qui en découlent font que nous devons nous être réalisés à 30 ans. Que nous devons avoir tout compris à tout le plus tôt possible. Nous plaçons le bonheur comme un objectif de vie qui vire à l’obsession.

Mais au fond de vous même, vous le savez. Vous savez que ce n’est pas vrai. La vie est difficile. La vie ne se résume pas au bonheur. C’est un fait. Pourquoi? Du simple fait que si rien n’était difficile il n’y aurait pas de bonheur car le bonheur c’est ce qui nous apparaît après l’adversité ou après l’inattendu. Et si rien n’était difficile, alors tout serait facile et l’inattendu n’existerait pas, car on s’y attendrait.

Quelles que soient nos croyances, religions, théories de la création de l’univers et autres principes personnels, une seule chose est sûre : nous sommes ici pour vivre l’expérience de la vie. Et comme tout ce qui nous entoure nous le démontre chaque jour, à la fin, la seule chose qui compte est notre développement. Arriver sur nos vieux jours avec le moins de regrets possibles. Surtout ne pas se dire que nous avons gâché nos rares années passées sur cette terre.

Sachant que nous mettons 45 ans de nos vies au profit de diverses entreprises, alors ces dernières ont plus qu’un rôle financier. Elles ont un rôle sociétal à part entière.

Il ne s’agit pas que d’optimisation financière. Lorsqu’une entreprise dans laquelle prospère le burn out et le mal-être des collaborateurs commence à jouer sur les dépenses et la structure financière, malheureusement elle s’attaque au mauvais problème pour sauver sa peau.

Une entreprise vivra tant que les personnes qui la compose vivront. Et vivre, c’est se sentir dans un environnement où la “sécurité psychologique” est première.

L’équipe dirigeante y joue ici un rôle clé. Celui de créer et maintenir cette sécurité psychologique coûte que coûte pour que chacun puisse développer le potentiel qui réside en lui. Optimiser le développement humain, c’est peut être ça la clé de la performance.

Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, comme disait Stan Lee à travers l’oncle Ben dans Spider-man.

Donc maintenant je vous repose la question :

Où réside votre potentiel?

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Quentin Viard

Préparateur mental pour entrepreneurs | auteur de “Indéboulonnable” | Ma newsletter : https://quentinviard.systeme.io/emailsprives