Comment vaincre la procrastination

Quentin Viard
5 min readMar 11, 2022

La procrastination, c’est une histoire qui remonte à la nuit des temps.

Des figures historiques comme Léonard de Vinci, Picasso, Benjamin Franklin et des centaines d’autres ont parlé de ce phénomène bien connu qu’est la procrastination, le pire ennemi des résultats.

J’aime bien la citation de Jean Cocteau : “il faut faire aujourd’hui ce que les autres feront demain”.

Le truc marrant avec la procrastination c’est qu’on sait parfaitement que ce comportement ne nous sert pas.

Au fond qui aime procrastiner? Personne n’aime ça. Moi non plus. Et pourtant ça a été l’histoire de ma vie pendant très longtemps.

J’étais le roi pendant mes études à repousser les échéances de mes devoirs à rendre ou de mes révisions jusqu’à la dernière minute. Je me disais que j’étais “meilleur dans le stress”.

Au début de chaque semestre j’étais le type cool, relax. Je ne faisais que sortir, faire du sport et profiter de la vie. Mais quelques semaines avant mes examens, je me transformais en ermite reclut dans ma chambre chez mes parents puis après chez moi, à me gaver de bonbons (parce qu’à l’époque je pensais le sucre était bon pour la concentration…) et à engloutir les classeurs les uns après les autres. J’avais l’impression d’être une machine.

D’ailleurs la recherche le montre, quand on procrastine on peut se sentir un peu meilleur sur le court terme, mais ça nous fait souffrir sur le long terme.

Pourquoi tu procrastines n’a pas vraiment d’importance.

Certains aiment la pression des deadlines. D’autres ont peur d’échouer donc repoussent les tâches jusqu’à ne plus avoir le choix. Mais une chose que tous les procrastinateurs ont en commun c’est qu’ils en payent le prix.

Une étude qui avait fait du bruit aux États Unis sur le sujet est celle de Dianne Tice et Roy Baumeister dans laquelle ils parlent du coût de la procrastination :

  • Dépression
  • Croyances irrationnelles
  • Faible estime de soi
  • Anxiété
  • Stress

La procrastination n’est pas un comportement anodin. C’est un signe d’une mauvaise capacité à s’auto réguler. Les chercheurs comparent même la procrastination à l’abus d’alcool ou de drogue. C’est sérieux. Et j’en ai fait l’expérience pendant plusieurs années. Même après mes études et quand je suis rentré dans le monde professionnel, j’avais gardé cette habitude de rien foutre tant que je le pouvais et de bosser comme un âne quand je m’approchais de la date limite d’un projet.

C’est une habitude qui se faufile dans tes systèmes. Et comme toute habitude, ce n’est pas quelque chose que tu peux bouger facilement.

J’ai toujours voulu être entrepreneur. Être indépendant. Et pendant des années dès que j’avais une idée voici comment cela se passait :

[Idée > “ça pourrait vraiment marcher?!” > peur > attente > mort de l’idée]

À chaque fois que j’avais une idée ou que je me fixais un objectif, je commençais, et il se passait quelque chose qui me faisait repousser l’issue. Je n’arrivais jamais à la conclusion. Les distractions, d’autres idées, d’autres opportunités, l’échec, la peur de réussir, etc… tout ça se mettait en travers de mon chemin. Et le résultat c’est est toujours le même : tu ne fais rien.

Comment battre la procrastination?

Le point clé de l’étude de Dianne Tice et Roy Baumeister est je pense ceci :

“les procrastinateurs se préfèrent eux mêmes à la tâche qui leur est assignée, jusqu’à ce que la pression croissante de la date imminente les force à passer à l’action. De ce point de vue la procrastination peut être un dérivé d’un manque d’auto-régulation d’où une dépendance à une force extérieure imposée qui les motive à passer en mode travail”.

Auto-régulation, Self control, volonté… ce sont autant de choses que nous surestimons chez nous.

“pff, je peux faire ça quand je veux” — se dit on dans nos esprits. Dans nos têtes nous sommes tous des génies incompris et mentalement forts. Mais quand il s’agit de passer à l’action, la vraie, on tétanise.

Si tu es un procrastinateur, tu ne peux pas t’empêcher de décaler ton travail. Et c’est vrai pour les grandes et petites tâches.

Tu commences une tâche, tu es excité, concentré, mais à un moment, après quelques temps tu penses : oh…je devrais faire une pause et aller sur Instagram. Ou relire tel article. Ça commence toujours avec ce point de décrochage. Ensuite tu penses : il y a cette vidéo aussi que je voulais regarder…aller je le fais 15 minutes et je m’y remets après. Puis en réalité tu enchaines et ça fini tout le temps de la même manière :

“c’est la dernière fois que je perds mon temps comme ça!”

Ouai c’est ça…

La volonté ne fonctionne pas. Les systèmes oui.

Ce dont tu as besoin c’est d’un système pour faire le travail. Trop de personnes sont dégoutées par les routines, les systèmes, les cadres de travail parce qu’elles veulent “garder leur liberté”.

Je vais te décevoir, mais la liberté c’est ton ennemi numero uno.

Le truc c’est que si tu veux faire ce que tu as à faire, tu as besoin de règles.

Que prouvent les recherches?

  • Que les deadlines auto imposées sont extrêmement efficaces.
  • Que les systèmes d’engagement auprès d’un ami/collègue/coach fonctionnent super bien.
  • Que travailler par intervalles est bénéfique.
  • Que faire de l’exercice augmente la concentration et la productivité.
  • Qu’un régime sain favorise tous les pans de notre vie.
  • Qu’éliminer les distractions réduit le stress et augmente le potentiel d’action.
  • Et surtout, que la motivation intrinsèque est la plus puissante.

Si tu combines les bonnes tactiques de productivité, tu as un système.

La deadline créé l’urgence, l’engagement créé la responsabilité, travailler en intervalles boost ton focus, faire de l’exercice augmente ton énergie (comme un bon régime alimentaire) et supprimer les distractions va éloigner la tentation.

Mais aucun système ne peut t’aider si tu n’as aucune volonté en interne. On a souvent tendance à compliquer plus que nécessaire ce concept qui est pourtant simple :

Pourquoi est-ce que tu fais ce que tu fais?

Si tu ne le sais pas, fais quelque chose. Si tu sais pourquoi tu fais quelque chose, même la tâche la plus profondément ennuyeuse qui existe, devient gérable. Elle s’inscrit dans un cadre plus large. Donc plutôt que de te jeter dans le travail, fais un pas en arrière, pense à pourquoi est-ce que tu fais ce que tu fais, et ensuite repose toi sur un système qui supporte tout ça.

Publié originalement sur la newsletter de Quentin Viard

Je suis préparateur mental et auteur du livre “Indéboulonnable : stratégies pour son esprit et son mental”. Pour plus d’éclaircissements sur comment optimiser votre efficacité personnelle et vos performances, rejoignez ma newsletter et recevez une formation offerte au choix.

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Quentin Viard

Préparateur mental pour entrepreneurs | auteur de “Indéboulonnable” | Ma newsletter : https://quentinviard.systeme.io/emailsprives